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14/10/2023

_L'art du vertige_

L'art du vertige : Serge LEHMAN : 2023 : Les Moutons Électriques (collection "La bibliothèque des vertiges") :  ISBN-13 978-2-36183-872-0 (inconnu de l'ISFDB, chez Bruno) : 248 pages (pas d'index ni bibliographie) : coûte 23.00 Euros pour un petit hc sans jaquette, disponible chez l'éditeur.

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Paru dans une collection de romans (sic !), cet ouvrage est un recueil de textes de Serge Lehman, un des auteurs français qui participe de façon active à la réflexion sur le genre (le fameux "fil M") et qui est actuellement plus orienté vers la bande dessinée. Outre une préface inédite, ce recueil rassemble une vingtaine de textes déjà publiés entre 2005 et 2012 qui se partagent entre une dizaine de chroniques (de deux pages chacune) parues dans Le Monde et autant d'essais plus longs (une dizaine de pages) de diverses provenances (essentiellement des préfaces). À noter que le livre ne comporte ni index ni bibliographie.

français,1 étoile

Pour rester dans mon rôle de "grand méchant", j'ai deux problèmes avec ce livre. Le premier est comme d'habitude avec Les Moutons Électriques et la qualité (?) de leur travail d'éditeur. Passons sur le fait de publier un ouvrage de référence/réflexion sans aucun paratexte et en particulier sans index, une pratique désastreuse qui semble devenir une habitude malgré la puissance des outils de PAO. Il faudra donc vous rappeler que L'été de l'homme à trois cœurs est une nécrologie de Harry Harrison ou que L'obscur au-delà des étoiles est une critique de Destination ténèbres (le titre de l'essai étant une traduction de son TO The Dark Beyond the Stars). L'habillage du livre a aussi un petit côté "survendu" : "L'ouvrage de réflexion définitif sur la science-fiction" vanté en 4ème de couverture n'est pas celui que j'ai lu, voire même un côté un peu trompeur : parler de "deux décennies de réflexion" (4ème de couverture aussi) pour des textes datés de 2005 à 2012, c'est un peu bizarre. Comme je suis près de mes sous, ce qui m'a fait le plus mal est le rapport prix/prestation de l'ensemble. Certes, le livre est attractif et bien fait (même si je n'ai pas trouvé le signet mentionné par Noosfère !), mais 23 Euros pour 200 pages de textes déjà parus (et même plusieurs fois), cela fait cher le réchauffé. Tant pis pour moi qui me suis jeté sur ce livre, j'aurais dû me méfier, ce créneau (je revends cher des choses déjà amorties) étant un peu la spécialité de cet éditeur.

français,1 étoile

Mon autre problème est avec l'auteur lui-même. Tout d'abord, même si je peux facilement compatir avec ses soucis, les détails de sa dépression (un thème qui revient dans tout le livre) me semblent assez peu pertinents dans ce qui se veut une réflexion sur la SF. Plus problématique est le fait que les textes de Lehman semblent être en partie à l'origine de cet espèce de courant révisionniste de l'histoire de la SF en France. On y trouve donc les fameux 3.000 textes de SF oubliés, la collection "Les Hypermondes" (3 titres dont un tiers d'anglo-saxon), l'essai de Maurice Renard qui pré-date les réflexions de Gernsback et Campbell. On y croise Spitz, Varlet, Rosny ou Messac et des tas de merveilles oubliées qui sont évidemment bien plus mieux que n'importe quel texte US. C'est encore un voyage dans le magnifique monde parallèle et fantasmé d'une SF française de l'entre-deux-guerres triomphante et en avance sur son temps (et sur ces maudits anglo-saxons, vils copieurs). Même si, soyons honnêtes, Lehman nous offre quelques pistes (qu'il ne creuse hélas pas), le vrai débat et la vraie recherche socio-historique à mener est de savoir pourquoi le genre n'a pas "pris" en France malgré la présence d'une certaine tradition et d'acteurs en place. La question "Pourquoi la SF est-elle perçue comme un genre américain ?" mérite sans doute une vraie et longue réflexion, dépassionnée et appuyée sur des éléments plus solides que quelques légendes urbaines (on pourra d'ailleurs lire Lyau sur le sujet). Je crois aussi que je m'attendais à une exploration plus poussée des liens entre SF et métaphysique un des apports majeurs de Lehman, hélas ce point est juste effleuré sans doute parce que les textes rassemblés sont antérieurs à cette phase de la réflexion de l'auteur sur le genre. Au final, comme souvent chez cet éditeur, un livre trop cher, trop daté (11 ans pour le texte le plus récent) et qui n'apporte vraiment pas vraiment de plus-value.

français,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile (à trouver d'occase ou à lire par petits bouts dans les parutions originales)

19/09/2023

_Follow Me_

Follow Me : Religion in Fantasy and Science Fiction : Francesca T. BARBINI (editor) : 2023 : Luna Press Publishing (série "Academia Lunare") :  ISBN-13 978-1-915556-18-9 (la fiche ISFDB du titre) : vii+184 pages (pas d'index) : coûte 15.99 GBP pour un pb (18 x 12.5 cm) non illustré, disponible chez l'éditeur.

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Publié par Luna Press, une petite maison d'édition écossaise spécialisée dans la SF et la Fantasy, ce petit ouvrage est un recueil d'essais rassemblé par la fondatrice qui parait annuellement sur des thèmes différents suite à un appel à textes. ici, l'editor s'intéresse aux rapports entre les genres de l'imaginaire et la religion au travers de dix essais d'une longueur variable (de dix à vingt pages). Hormis Cheryl Morgan, la plupart des contributeurs sont peu connus et présentent l'originalité d'être plusieurs à être italiens (mais heureusement, ils/elles écrivent an anglais !).

The fellowship of the ring (Del Rey 105th pb).jpg

Après une courte introduction, on commence par trois essais sur Tolkien (et plus particulièrement sur The Lord of the Rings). Le premier traite de la notion de déité en général chez l'auteur, le deuxième de l'appropriation du panthéon tolkienesque par les néo-pagans et le dernier porte sur le christianisme caché par les Inklings dans leurs œuvres. C'est assez "bateau" et, en ce qui concerne le deuxième texte, aurait gagné à un traitement plus journalistique. On trouve ensuite un texte sur Oscar Wilde par une spécialiste de l'auteur sans guère de rapport avec la SFF, un essai sur les religions "toxiques" auquel je n'ai pas tout compris (et aussi sans lien avec le genre). On revient à la SF avec un article sur Zelazny et ses dieux dans Creatures of Light and Darkness qui passe pas mal de temps à paraphraser le roman et/ou Wikipedia. Cheryl Morgan liste ensuite les dieux "queers" (finalement peu présents dans le genre). Après vient un texte sur un sujet original, le jeu Final Fantasy X, dont je n'ai pas vraiment compris le projet (et qui lit beaucoup de choses dans un tel support). Les deux derniers textes sont de facture plus classique et traitent respectivement des paradis et enfers dans la VR et de Rendezvous with Rama.

Creatures of light and darkness (Arrow 1972).jpg

Outre le côté très irritant d'un ouvrage de référence publié sans index qui le rend difficilement utilisable, je suis assez déçu par un ouvrage qui se révèle assez cher (une vingtaine d'Euros pour un poche) et offrant un contenu sans grande qualité et surtout qui partage le défaut de ce type d'ouvrage un peu "amateur" (au sens d'expertise du genre) à savoir que certains auteurs se concentrent sur leurs domaines d'étude, domaines qui ne sont visiblement pas la SF ou la Fantasy. Du coup, je ne crois pas que j'achèterai en neuf les autres titres de la série.

Rendez-vous com Rama (LDB 1984).jpg

Note GHOR : 1 étoile (bof, bof, bof) 

17/05/2023

_Les littératures de l'imaginaire_

Les littératures de l'imaginaire : Anne BESSON : 2022 : Presses Universitaires Blaise-Pascal (collection "L'opportune") : ISBN-13 978-2-38377-077-0 (inconnu de l'ISFDB et de la base à Bruno) : 63 pages (y compris bibliographie et glossaire) : coûte 4.50 Euros pour un petit (14.5x10 cm) poche non illustré (en fait, il y a deux illustrations en n&b) disponible chez l'éditeur, existe aussi en ebook.

français,1 étoile

Sous la plume d'Anne Besson, l'une des étoiles montantes de la réflexion sur le(s) genre(s) en France, ce petit (par la taille et par le contenu qui totalise à peine une grosse cinquantaine de pages de texte), cet ouvrage est une présentation générique des littératures de l'imaginaire parue dans une collection de "vulgarisation" éditée par l'université de Clermont-Ferrand où il côtoie d'autres titres sur des sujets parfois proches.

français,1 étoile

Du coup, hormis le fait que le terme de "littératures de l'imaginaire" me pose un problème (et aussi peut-être un peu à Besson), il n'y a pas grand chose à dire sur cet ouvrage qui, par nécessité au vu de la place disponible, ne peut que survoler son sujet. Faisant sans doute partie des méchants "connaisseurs pointilleux aimant couper les cheveux en quatre" (c'est page 12), on me permettra de relever un certain nombre d'erreurs (Moorcok, Les Royaumes Oubliés édités par Presses Pocket) ou de la publicité gratuite pour les fameux "Indés de l'imaginaire".

français,1 étoile

Finalement, ce texte aurait sans doute plus eu sa place en introduction d'un ouvrage encyclopédique plutôt que comme titre standalone. En effet, il n'apporte pas grand chose de nouveau (on y trouve tous les tics de la réflexion française sur le genre) et il est bien à la peine de traiter en 50 pages le vaste ensemble littéraire (et plus) que sont ces fameuses "littératures de l'imaginaire".

français,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile (en fait c'est comme un "Que sais-je" mais en plus court...)

10/05/2023

_La science-fiction_ (Hottois)

La science-fiction : Une introduction historique et philosophique : Gilbert HOTTOIS : 2022 : Librairie Philosophique J. Vrin (collection "Pour Demain") : ISBN-13 978-2-7116-3014-1 (inconnu de l'ISFDB, la fiche du livre dans la base à Bruno) : 146 pages (pas d'index ni de bibliographie) : coûte 12.00 Euros pour un poche non illustré, disponible chez l'éditeur.

français,1 étoile

Gilbert Hottois était un célèbre (mais un inconnu pour moi) philosophe belge et grand spécialiste de la bioéthique. Depuis sa plus tendre enfance, il s'est toujours intéressé au genre (il a d'ailleurs publié un recueil de textes sur le sujet, Philosophie et science-fiction), au point d'écrire un roman (Species Technica, paru en 2002) dont il semblait tellement fier (rendez-vous compte, un livre écrit en deux semaines en vacances) qu'il n'a pas hésité, tel un GK, un JS ou un GD, à le publier dans sa propre collection. Comme l'auteur est décédé en 2019, c'est à son disciple, Jean-Noël Missa, que nous devons la parution de cet ouvrage.

français,1 étoile

Même si la base à Bruno pense (à tort) qu'il s'agit d'un recueil d'articles (sans doute en copiant le sommaire), cet ouvrage est en fait la première moitié d'un livre de Hottois resté à l'état de manuscrit en ce qui concerne sa seconde partie (qui devait s'intituler Ambitions et définitions de la science-fiction). Tout cela (et bien plus) est détaillé dans la longue (40 pages) introduction de Missa. Elle est donc suivie par le texte de Hottois qui comporte trois chapitres, le premier étant consacré à la genèse du terme science-fiction, le deuxième aux "ancêtres" et le troisième brossant une rapide histoire du genre depuis Gernsback. Malgré des notes de bas de page copieuses, il n'y a ni index ni bibliographie consolidée.

français,1 étoile

Permettez-moi tout d'abord un mot sur la qualité physique du livre qui, pour quand même 12 Euros les 150 pages, nous offre quand même en couverture un superbe dessin de Hottois (sans doute fait à l'école primaire) et en prime (sic), sur mon exemplaire acheté neuf, les 20 dernières pages imprimées de travers et dont les toutes dernières se détachent carrément du livre. En gros, un produit défectueux que j'aurais sans doute dû renvoyer. Mais bon, l'élan philosophique n'a que faire de ces considérations bassement matérielles...

français,1 étoile

Il n'y a rien à dire sur l'introduction de Missa qui, même si elle n'échappe pas à un petit côté "fanboy", est informative et permet de mieux connaître le philosophe belge et l'évolution de sa pensée. En ce qui concerne la travail de Hottois, c'est très agréable de lire quelqu'un qui a pris la peine de consulter les références "standard" et qui s'appuie sur Ashley, Westfahl, Aldiss, Suvin, Roberts, Bailey ou Gunn (la liste est loin d'être exhaustive). Le résultat (dont on ne peut juger que partiellement, je le rappelle) est un ensemble fort classique qui reste dans les chemins balisés (la proto-SF puis Shelley puis Gernsback avec en parallèle l'uchronie de la "fiction scientifique" française). Ce qui m'a gêné, c'est, pour rester politiquement correct, le fait que Hottois "emprunte" beaucoup à ses sources. Pour être franc, à certains moments (dans le premier chapitre en particulier) j'ai eu carrément l'impression de relire Westfahl. Du coup, je ne suis pas convaincu de l'intérêt d'avoir exhumé ces fragments qui n’apportent pas grand chose de neuf même s'ils sont synthétiques (et courts).

français,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile (pas convaincu par cette ébauche de livre)

05/05/2023

_Au cœur de la science-fiction_

Au cœur de la science-fiction : (Re)découverte d'un genre : Gillian BROUSSE (editor) : 2022 : Noir d'Absinthe : ISBN-13 9-782-490-417-96-4 (inconnu de l'ISFDB et de la base à Bruno) : 596 pages (pas d'index ni de bibliographie) : coûte 25.00 Euros pour un tp produit en POD, illustré (!) en n&b et disponible en ligne.

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Pour faire bref, il faut à mon sens plutôt considérer ce livre comme un (gros) fanzine que comme un ouvrage de référence. Réalisé par une bande de copains (tous plus ou moins liés à l'éditeur), il mêle dans un joyeux bordel (même s'il semble y avoir une certaine logique derrière) des interviews croisées, des articles sur tel ou tel sujet, de l'auto-promotion ou de la promotion peu discrète (y compris d'une société au nom trompeur qui facture -cher- des prestations à des auteurs débutants, le Lufthunger Club), des racontages de vie, des avis plus ou moins éclairés visant à défendre -par exemple- le film The Postman de Costner, des collages de bouts de Wikipedia racontant l'histoire du genre, des tonnes de trivia (savez-vous que Verhoeven a remporte le Razzie -le vrai pas la copie Bifrostienne- en 1996 pour Showgirls), les biographies détaillées des intervenants, une certain nombre de conneries, une typographie à géométrie variable (passant de l'italique au gras et retour au normal sans grande raison ni logique)  et des superbes dessins dont la seule qualité semble d'être libres de droits (comme celle ci-dessous). Par contre on n'y trouve ni index, ni bibliographie, ni illustrations ayant un rapport avec le texte.

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Même si la mise en page est très aérée (une vingtaine de ligne par page), il faut une grosse motivation pour se taper les 500 pages de cet opus au niveau plutôt faible et qui n'apporte pas grand chose. Je confesse même avoir sauté les parties les plus wikipédiesques (par exemple sur les débuts du cinéma). A vous de voir si vous avez 25 Euros à dépenser pour un tel résultat.

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Note GHOR : 1 étoile (parce que le fanzinat c'est BIEN)